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Les services publics et culturels jouent un rôle essentiel dans la résilience des villes

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Les fermetures et les congédiements massifs qui frappent les grandes entreprises manufacturières – que ce soit en raison de la concurrence de pays à faibles salaires ou de l’automatisation – ont évidemment de lourdes conséquences pour les travailleurs licenciés.

Cependant, les villes qui abritent ces entreprises en souffrent gravement aussi. Quels facteurs renforcent la résilience des villes à la suite des fermetures ou des licenciements massifs ?

Dans notre étude sur les impacts des fermetures et des réductions d’effectifs des grandes usines, nous avons constaté qu’au cours des 20 dernières années, les villes canadiennes les plus durement affectées par ces événements ont connu un ralentissement de la croissance démographique, en particulier chez les jeunes et les personnes en âge de travailler.

Ces effets ont toutefois été limités dans les villes où les services publics et culturels sont un aspect établi et vital de la culture de la communauté. Les services publics et culturels semblent donc contribuer à la résilience des villes.

Effets boule de neige des licenciements massifs

Depuis le début des années 1990, des économistes ont étudié l’impact des fermetures de grandes usines et des licenciements massifs sur les travailleurs congédiés. Les résultats montrent que ces chocs économiques nuisent aux personnes concernées dans presque tous les aspects de leur vie : ils engendrent une baisse de revenu pour eux et pour leurs enfants lorsqu’ils atteignent l’âge adulte, une hausse de la probabilité d’être au chômage, un allongement des périodes de chômage, une baisse de la fécondité et une hausse du taux de divorce.

Mais l’impact des licenciements massifs et des fermetures de grandes usines sur l’économie des villes est plus débattu.

Selon certaines études, les pertes d’emplois globales sont plus importantes que le nombre d’emplois initialement supprimés. Cela s’explique par l’effet boule de neige : les fermetures de grosses usines entraînent la faillite de fournisseurs locaux ou d’autres entreprises qui dépendent d’elles.

Selon d’autres études, une partie des pertes d’emplois est compensée par ceux créés dans des entreprises locales déjà en place ou nouvelles.

Des maisons abandonnées et placardées dans la ville de Windsor, en Ontario, l’une des communautés ontariennes les plus touchées par la récession de 2008-2009.
LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette

Dans notre récente étude sur les villes canadiennes, nous avons constaté que sur les quelque 53 000 établissements manufacturiers actifs en 2003, près de 4 000 de ceux qui comptaient plus de 50 employés avaient disparu en 2017.

En outre, 1 200 d’entre eux avaient licencié au moins 30 % de leur main-d’œuvre. Au total, près d’un tiers des emplois manufacturiers de 2003 avaient disparu en 2017, et beaucoup d’entre eux n’avaient pas été remplacés.

La situation varie selon les provinces canadiennes. Le Québec, l’Ontario et les provinces de l’Atlantique ont été beaucoup plus durement touchés que les provinces de l’Ouest. Et il existe aussi des différences entre les villes d’une même province.

Nous avons comparé les changements démographiques dans les villes où le secteur manufacturier a connu beaucoup de pertes d’emplois à ce qui s’est produit dans les villes où il n’y a eu que peu de pertes. Nous avons également tenu compte de caractéristiques qui varient fortement entre les villes, comme leur taille initiale, leur proportion initiale de jeunes résidents, leur climat et leur emplacement au Canada.

Les fermetures d’usines entraînent un vieillissement de la population

Nous avons constaté que les fermetures de grandes usines et les licenciements massifs freinent la croissance démographique des villes les plus durement touchées. Les effets négatifs se concentrent chez les personnes en âge de travailler (20-54 ans) et les jeunes (0-19 ans).

En d’autres termes, une ville qui se désindustrialise devient une ville dont la population vieillit. En effet, les personnes en âge de travailler sont plus susceptibles de partir après des licenciements massifs pour chercher des emplois ailleurs, et elles partent avec leurs enfants lorsqu’elles en ont.

Les immigrants et les célibataires sont également plus susceptibles de quitter les villes touchées par des chocs sur le marché du travail. Cela s’explique par le fait que les immigrants ont l’habitude de recommencer à zéro, tandis que les célibataires n’ont pas à craindre de perturber la vie scolaire ou sociale de leurs enfants.

On voit des gens quitter une usine d’assemblage automobile avec une rangée de voitures colorées au premier plan
En septembre 2011, des employés quittent l’usine d’assemblage Ford au moment où la production prend fin à St-Thomas, en Ontario. L’usine de la petite ville du sud-ouest de l’Ontario a fermé après quatre décennies d’activités, et 1 200 travailleurs se sont retrouvés au chômage.
LA PRESSE CANADIENNE/Dave Chidley

Enfin, nous avons observé que les villes avec une plus forte part de la population initialement employée dans les secteurs de l’éducation, des soins de santé et de l’assistance sociale ont subi un déclin démographique moindre à la suite de la fermeture et des licenciements massifs dans les grandes entreprises manufacturières. Il en va de même de celles avec une forte présence initiale de services culturels.

Les services publics et culturels renforcent la résilience des villes en rendant moins lourdes les conséquences des fermetures. Nos recherches en cours ne permettent pas d’en déterminer les raisons, et le phénomène n’est pas encore bien compris. Mais les premiers résultats montrent que les services d’éducation, de santé et d’assistance sociale sont particulièrement efficaces pour retenir les travailleurs étrangers, tandis que les activités culturelles retiennent plus particulièrement les personnes en âge de travailler, notamment les diplômés universitaires.

Cela donne à penser que ces services répondent aux besoins de différents types de citoyens, et que les villes qui en sont bien dotées ont plus de chances de conserver ces derniers s’ils perdent leur emploi. À l’heure où les services publics et culturels sont soumis à de fortes pressions en raison de la Covid-19, leur préservation pourrait être l’un des éléments qui permettent aux villes de résister à des crises futures.

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Florian Mayneris, Professor, Urban Economics, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

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